28 - Saga familiale.

Mon plus que doux ami,

    Aurions-nous pu si la vie nous y avait autorisés, nous entendre si bien. Vous me paraissez avoir un caractère si âpre, si sauvage, si asocial quand même. Et pourtant vous m'êtes cher, très cher par ces je-ne-sais-quoi qui nous lient et, protégés que nous sommes par notre éloignement et notre conception partagée du devoir, je crains de vous aimer beaucoup.

   Mais ce peut-il à cet âge et de cette manière s'aimer beaucoup ?

   Je me dis que la littérature est empreinte de sagas familiales, mais le cinéma, mais la téléréalité aujourd'hui le Web et tout ce que l'on peut imaginer racontent à l'infini ces turpitudes ou félicités familiales que vous concernant vous abordez.

   Mais pour autant a t-on raconté par le détail les sordidissimes réalités intimes et domestiques du quotidien de la vie des couples, a t-on jamais vraiment raconté les mécanismes obscurs de l'esprit qui les corrompt pour tenter de les comprendre au-delà de tous les essais des spécialistes du coeur humain..

  Chéri, je n'aime pas faire long, je n'ai pas votre talent, et j'ai trop la sensation de faire petite main de café du commerce, alors je cesse, je lève la plume, sale caractère qu'il est bon de vous parler, qu'il est bon de vous avoir. 

   Mon mari n'est pas loin, juste le temps de vous dire que cette saga vous la pourriez écrire, pensez-y .. 

   Signée  *****

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